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Jan
24

Le canal du midi 1 : Sa construction et l’histoire d’un projet fou de Louis XIV

Tout le monde connait le Canal du midi, beaucoup d’entre nous rêvent de cette parenthèse enchantée que serait une balade d’une semaine le long de ce canal entrecoupé d’écluses qui relie la mer méditerranée à l’océan Atlantique, que ce soit en vélo, à pied, ou carrément sur une péniche… mais qui sait que ce canal est né de l’idée folle d’un simple inspecteur des Gabelles (impôt de l’époque taxant cette denrée essentielle qu’était le sel) de province, qui lança ainsi le plus grand chantier de Louis XIV ? Encore une fois, Joël nous emmène pour une de ses balades dans l’histoire dont il a le secret…

Just Outside Narbonne
Nous sommes en 1662. Le long règne du roi Louis XIV vient de commencer. Une ambiance de grandeur retrouvée flotte jusque dans les provinces du royaume, les récoltes sont belles.

Le Baron Pierre Paul Riquet est Contrôleur des gabelles du Roussillon. Son château, à soixante lieues à l’est de Toulouse au pied de la « Montagne noire », est entouré d’un grand parc où affleurent des sources vives. Notre contrôleur est un esprit curieux, entreprenant, créatif.

Or cette année-là, les paysans, ses « clients » de la Gabelle, se plaignent de ne pas pouvoir payer les gabelles car faute de moyens de communications, ils ne peuvent exporter leurs grains vers les grandes villes du royaume. Et certaines récoltes se perdent.
Il se trouve que nous sommes près de ce point géographique, à 190 mètres d’altitude, où les ruisseaux coincés entre le Massif central au nord et les Pyrénées au sud hésitent entre courir à l’est vers la méditerranée, ou au contraire couler doucement vers l’ouest, vers l’océan.

Esprit vif, le Baron de Riquet imagine – idée folle pour l ‘époque !!- un projet de liaison par voie d’eau depuis Bordeaux et la Gironde à l’ouest, jusque vers la Méditerranéenne, Sète et Béziers. Pourquoi, se dit-il, ne pas creuser un canal qui relierait l’atlantique, Bordeaux et son port d’exportation, avec la méditerranée et ses grandes villes, Montpellier et Marseille!!!

Le problème majeur du projet à l’époque – et encore aujourd’hui! – était le maintien des niveaux dans les canaux malgré les écluses, les pluies, les inévitables fuites ainsi que la gestion de l’eau, donc le remplissage des réserves à construire pour pourvoir à cet approvisionnement.

Pour « vendre » son projet au Roi, le baron n’hésite pas à construire dans le parc de son château un modèle réduit du futur canal du midi, avec deux bassins pour stocker l’eau, un véritable canal de 300 mètres, une écluse comme il en a vu fonctionner dans les salines, des biefs d’attente, des vannes, et surtout un système sophistiqué d’approvisionnement et de transfert hydraulique.
On dit que Riquet se serait même inspiré d’études laissées par le génial Léonard de Vinci pour la conception de son œuvre !!!
Aujourd’hui encore, quelques vestiges touchants de ce projet fou restent visibles dans le parc de son château de Bon-repos Riquet: Un reste d’écluse, un réservoir asséché, des briques….

Fin 1662 le baron, simple Contrôleur des Gabelles, va soumettre son projet au Roi. Voilà donc le représentant du grand argentier Colbert qui arrive au château: Son fils joue les bateliers, ils passent les écluses… Visites, exclamations, projets, découvertes, …
Le roi, et surtout son financier de ministre, sont rapidement séduits par ce projet de canal qui sert certes la splendeur du Royaume et permet de passer de l’atlantique à la méditerranée sans faire le grand tour par Gibraltar… mais laisse surtout prévoir une augmentation notable des Gabelles!!!

Et c’est ainsi qu’en 1666, par édit Royal du tout jeune Louis XIV, était lancé le plus grand et le plus technique des chantiers du grand siècle: le « Canal Royal du Languedoc », que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de « Canal du Midi ».

Sa construction aura nécessité plus de quinze ans de travaux gigantesques, plus de 10 000 ouvriers (Toulouse n’a à l’époque que 20 000 habitants !!!!), un canal de 350 kilomètres, des ponts, des écluses, des ports….
Il faut imaginer la somme d’ingéniosité qu’ont demandé ces travaux il y a trois siècles et demi avec pour tout moyen de transport le cheval, la pelle pour les terrassements des canaux et des écluses, et du parchemin et des plumes d’oie pour les études et les plans!!
En comparaison, nos « grands travaux » du XXIème siècle lancés à grand renfort de machines deviennent bien plus « modestes » à nos yeux.

A la semaine prochaine pour continuer d’explorer le Canal du midi !

Mar
8

Chemins de Compostelle: la Via Podiensis, du Puy-en-Velay à Saint-Jean pied de Port (3)

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Au Moyen-âge, les Pèlerinages attiraient un nombre surprenant de voyageurs venant de tout l’occident chrétien. Un des plus grand flux venait d’Allemagne, de Suisse, d’Autriche et de Bourgogne. Le chemin le plus direct vers la Galice et Compostelle passait alors par le Puy en Velay et le Massif Central.

Les pèlerins venant du nord de la France, d’Angleterre et même d’Irlande, empruntaient quant à eux plutôt les autres « chemins de Compostelle », passant par Tours ou Vezelay. Tous se rejoignaient ensuite à Ostabat, non loin de la frontière espagnole, avant de continuer par le « Camino Francès » jusqu’à la basilique de Compostelle.

Nous allons pour cette fois privilégier le chemin qui part du Puy en Velay vers le Col de Roncevaux. Il se confonds avec notre GR 65, remarquablement bien documenté, ce qui permet un cheminement facile et sûr. C’est aussi le plus utilisé par les randonneurs, le plus associé à notre mythe du « Chemin de Compostelle« .

Les autres « chemins », depuis Vezelay, Arles, Paris ou même le Mont-Saint-Michel feront ensuite l’objet d’un autre article.

Si vous êtes au Puy-en-Velay en saison, entre avril et septembre, vous croiserez une foule de randonneurs. En effet, un grand nombre de GR magnifiques rayonnent autour du Puy.

Du GR 65 en provenance de Genève arrivent les pèlerins qui se dirigent vers Saint Jacques. Le Chemin Stevenson s’en va lui vers Saint Jean du Gard, en passant par la Lozère. Le chemin de Saint Régis fait une splendide boucle de plus de 250 kms en haute Ardèche. Citons encore le nouveau GR 40 qui conduit vers les majestueux Volcans du Velay dans une nature magnifique.

Direction Saint Jacques de Compostelle donc, par la Via Podiensis: 750 kilomètres jusqu’à la frontière espagnole à Saint-Jean Pied-de-Port.

La Via Podiensis ne suit pas nos modernes grandes routes actuelles; elle passe par des chemins et des villages oubliés, plus « marchants », mais moins « roulants ». Certains sont d’anciennes voies romaines, d’autres des cheminements encore plus anciens, gaulois ou celtes.

Tout au long de ce « chemin », vous trouverez une suite continue de Gîtes et de Chambres d’hôtes ; ce pèlerinage est adapté à tous les rythmes de marche, rapide ou plus lent, sportif ou religieux. Même s’il faut « marcher », le plus important pour nos modernes marcheurs reste la motivation, ainsi que le fait d’avoir, ou de « prendre le temps » …!!!

Nous allons croiser les principaux bourgs suivants :
Saint-Privat, Monistrol, vers l’allier; puis Saugues, Saint-Alban-sur-Limagnole dans la sauvage et grandiose Margeride; Aumont, dans l’Aubrac et son air vif et sévère; nous rejoignons ensuite Nasbinals, et continuons vers Espalion, traversée par le Lot.
On suit la rivière vers Estaing et Golinhac pour se diriger vers un des points forts du parcours, Conques.
Les étapes suivantes se font dans un paysage plus «civilisé»: Decazeville, Figeac, Cajarc, avant d’atteindre la belle ville de Cahors.
A partir de là, le climat change pour devenir Atlantique: Lauzerte, Moissac, Auvillar, Miradoux, Lectoure, Condom, les villages se succèdent, le pays est plus doux.
Le chemin continue: Aire sur Adour, Arthez, Navarrenx, Saint-Palais, Ostabat.
A Ostabat, plusieurs cheminements venant de toute la France ou l’Europe chrétienne se rejoignent pour ne former plus qu’une seule route; le nom de « Gibraltar » est resté à ce lieu.
Pour atteindre la frontière, ne restent que Saint-Jean-Pied-de-Port avant l’ascension des Pyrénées jusqu’à 1430 mètres, pour redescendre vers Roncevaux, vers l’Espagne et plus loin la Galice.

A la semaine prochaine sur les chemins de Compostelle !

A lire aussi:
Les Chemins de Compostelle: un peu d’histoire (1)
Les chemins de Compostelle: la préparation au pèlerinage (2)