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Fév
1

De Quimper à l’ile de Sein

Bretagne: Nous sommes à Quimper et partons en balade vers l’ile de Sein.

Au bord de l’Odet, dans le quartier actif de Quimper, la maison de mon grand-père était massive, faite de grosses pierres grises.

Dans mes souvenirs d’enfant, elle était immense, sombre, remplie de «meubles bretons», mais surtout secrète au deuxième étage, là où se trouvait le vieux théâtre d’ombres chinoises, les postes de radio à galène et les livres d’histoires fantastiques de korrigans, la nuit, dans les landes ventées.

Dans le jardin clos aux dalles glissantes, il y avait des framboises rouges et gouteuses, juste avant le garage de la «Rosalie» dans laquelle on montait avec des marche-pieds. Une odeur d’humidité salée flottait dans ces pièces mal chauffées, jamais chaudes même en été. Mais est-ce un souci quand on a 11 ans ?

De l’autre coté de la route, la boulangerie où l’on allait chercher le Kouignamann encore chaud, dessert beurré-doré-sucré de nos vacances.

Lors des grandes marées, la marée haute remonte jusqu’au centre de la ville; l’eau douce y lutte avec la mer et s’y mélange comme à regret !!!  Dans le centre ancien de cette ville tellement attachante à force d’être «bretonnante», au milieu de la place centrale se trouve la cathédrale Saint Corentin. Mais le saviez-vous? La cathédrale de l’évêque Corentin est… tordue!!! C’est vrai qu’elle est splendide, tant de dehors que à l’intérieur; mais les constructeurs ont dû changer d’avis en la construisant et elle tourne après le chœur !!

Départ pour l’île de Sein. Nous nous retrouvons au minuscule port de Bestrée, vers le Cap Sizun, juste au sud de la pointe du Raz. Une bien courte jetée protège tout juste des lames qui arrivent de l’océan. Le bateau vert de notre pécheur bouchonne en bas de l’escalier humide…

Monter à bord est un peu sportif, mais le spectacle est grandiose: les rochers de Raz sont battus par les immenses rouleaux du large qui viennent éclater furieusement en mousse blanche contre les rochers. L’odeur d’iode et de varech, le bruit profond des vagues, les nuages qui volent, poussés par des mouettes criardes, c’est la nature brute du bout de la France.

Une petite heure de traversée parmi un fouillis de rochers, d‘iles, de phares, d’embruns et de courants. Notre pêcheur est un expert pour se faufiler ainsi parmi les écueils dont certains affleurent à peine!

Notre ile est la dernière d’une série de petites terres de contes de fées, battues par les longues vagues qui courent depuis l’Amérique. L’ile de Sein est petite, plate, ventée, posée au milieu de l’océan parmi les mouettes. Au delà, rien.

Le petit port de Sein se résume lui aussi à une jetée de granit brun moussu. Le phare de Men-Brial, blanc et vert, se dresse devant le bourg. Les maisons sont basses, blanches et grises, resserrées. Une langue de sable bordée de deux plages, et nous voilà au bout!! Où est l’ile? Où sont les champs, les arbres, les espaces pour courir?

Ici, la dure vie des pêcheurs ne reposait que sur la pêche et le travail en mer, par tous les temps. Les Sennans étaient des hommes.

Du petit port ne partent maintenant que quelques rares pêcheurs, mais surtout de fiers voiliers de tourisme, blancs et élancés.

Plus de « boëte » pour les poissons, plus de goémons qui brûlent pour fumer les maigres champs, plus de corne de brume hurlante lors des tempêtes d’hiver. Le tourisme et la civilisation sont là, avec leur chambres d’hôtes typiques

Nous nous en retournons à regrets, laissant derrière nous un temps qui fut dur, mais combien attachant. Vive la Bretagne.

A la semaine prochaine !